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militaire qui consistait à élever le patient au sommet d’une haute pièce de bois, par les mains liées derrière le dos, pour le laisser ensuite retomber jusque près de terre. Le narrateur cite entre autres trois femmes qui subirent les derniers outrages ; l’une en mourut, entre les mains des infâmes scélérats ; les deux autres furent éventrées par des cartouches allumées dans leurs entrailles[1]. Assurément le gouverneur n’était pas complice de ces atrocités commises par les Allemands ; mais il n’en était pas moins un des plus hardis et des plus acharnés dans les entreprises à faire sur le territoire ennemi. Son intrépidité et sa haute stature l’avaient fait surnommer par les Français le Samson et le Goliath des Comtois. Le 23 juillet 1641, prenant avec lui ses gens de Chauvirey, il tomba sur Torcenay, à huit heures du matin, et s’en revint avec quarante-trois pièces de bétail. A peine rentré dans son château, il y amasse deux cent cinquante piétons et cent cavaliers, fournis par les garnisons de Gray, de Jonvelle, de Ray et de Suaucourt, et il les conduit jusqu’aux portes de Langres. Il se retirait chassant devant lui un grand butin de gros et menu bétail, lorsque les Langrois l’atteignirent à Rougeux et l’attaquèrent si vivement, que sa petite troupe fut taillée en pièces ; le chef resta parmi les morts. Le curé d’Hortes, témoin de ce fait d’armes, qu’il appelle emphatiquement la merveille des Lengrois, ajoute à la fin de son récit : « Faut sçavoir que la damoiselle, femme du dict sieur de Chauvirey, s’estant mise à genoux devant luy, la veille de sa sortie, il respondit que, passé ceste fois, il ne

  1. Journal de Macheret, fol. 47, verso.