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différents corps. Le prince lorrain voulait qu’on attaquât la Champagne et qu’on emportât Langres, dût-on y perdre quinze mille hommes. Cet avis était un peu intéressé : son auteur voyait dans la campagne ainsi dirigée l’espérance assurée de reconquérir son duché perdu. De leur côté, les officiers franc-comtois soutinrent vivement cette proposition, qui poussait décidément les alliés loin de la province, au cœur du territoire ennemi. Mais Gallass, qui ne voulait faire qu’une pointe peu avancée et peu risquée sur la France, déclara qu’il fallait entreprendre par le duché de Bourgogne, où il ne voyait que le prince de Condé. Pour le gagner à leur plan d’attaque, le duc et ses partisans le conduisirent, avec tout le conseil, sur la montagne de Morey, d’où ils lui montrèrent la ville de Langres et le Bassigny, placés comme sous la main. Le feld-général braque sa lunette de ce côté, et il contemple, mieux encore qu’il ne l’avait pu faire des hauteurs du Fayl-Billot, les créneaux aériens et la formidable position de la place, que deux puissantes armées se tenaient prêtes à couvrir. L’instrument lui tombe des mains : Laissons Langres, dit-il, et marchons contre Dijon. » Tous ses officiers l’appuyèrent, et comme les partisans de cet avis étaient les maîtres, il prévalut[1]. Le lendemain (18 octobre), le marquis

  1. Joumal de Macheret, fol. 18. Girardot parle aussi de ce conseil de guerre, mais sans mentionner Suaucourt ni l’incident qui s’y rattache. Après avoir exposé les divers motifs invoqués à l’appui des deux plans d’attaque, il termine ainsi : « Mais je vis, par les lettres de l’empereur que le marquis de Conflans receut en ce temps-là, que la marche de Dijon ne fut à autre fin que pour occuper Weymar et la Valette, tandis que l’infant raisonnerait de Picardie en Flandre, et pour luy asseurer sa retraicte ; après quoi Gallasse se retireroit et rentrerait en Allemagne, où la diette électorale estoit achevée (p. 148). »