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la cavalerie suédoise. « Tant mieux ! reprend le brave capitaine : plus vous serez de gens, et plus j’acquerrai d’honneur. » Les ennemis reviennent à la charge ; mais ils sont encore repoussés, avec perte de vingt-trois hommes et un grand nombre de blessés. Ils se vengèrent de cet échec inattendu en brûlant le village, dont ils emmenèrent tout le bétail. De là ils tombèrent sur Ormoy, communauté de deux cents feux, qui essaya vainement de se défendre. Le jeune Warrods écrivit ces détails le jour même à son père, à Port-sur-Saône, et celui-ci les envoya immédiatement à la cour, après en avoir informé les officiers de Vesoul. La cour s’empressa de féliciter le vieux capitaine sur la belle conduite de son fils[1]. Partout furent commis les excès que l’on pouvait attendre d’une soldatesque hérétique. Le parlement s’en plaignit en ces termes au prince de Condé, quelques jours après : « Parmi lesquels attentats ont esté outragées filles et femmes, en présence de leurs pères et maris, les sanctuaires profanés et brisés, les précieuses unctions (saintes hosties) jectées à terre et foulées aux pieds, les enfants à la mamelle égorgés et ceux que l’espouvante avoit faict retirer dans les bois, courus et traqués comme bestes sauvages, puis tués inhumainement[2]. »

  1. Preuves, 14 et 16 mai. Jean Warrods demandait deux cents hommes pour garder le passage important de Port-sur-Saône. De leur côté, les officiers d’Amont, dans leur dépêche à la cour, s’étonnent qu’on laisse dans un si minime emploi un homme de mérite comme ce vieil officier. Ils ajoutent qu’il faut soutenir le château du Magny, qui barre aux ennemis le chemin de Gray. (Lettre du 15 mai, B, 783.) Plus tard nous verrons les deux Gaucher honorés de divers commandement.
  2. Preuves, 19 mai.