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hommes, qu’on lui avait sottement fait licencier trois semaines auparavant. En même temps, de Mandre l’aîné faisait apparition sur les lieux, pour informer et aviser sur les besoins de la situation. Mais tandis que l’on épiait et calculait si maladroitement les probabilités plus ou moins grandes du péril, tandis que l’on hésitait à faire des armements et à garnir la frontière, de peur d’attirer ainsi les colères de l’ennemi, qu’il eût fallu plutôt contenir par une attitude solide et fière, le duc de Saxe et Caumonts, ouvrant subitement les hostilités, sans autre déclaration de guerre, lançaient leurs escadrons, le premier sur le Coney et Jonvelle, l’autre sur Jussey et la rive droite de la Saône (4 mai). Au nord, déjà les Suédois ont pris Ambiévillers et Fontenoy. Après un combat de cinq ou six heures, ils forcent Godoncourt, dont les habitants sont passés par les armes ou faits prisonniers. Montcourt, Ameuvelle, Grignoncourt, Fignévelle, éprouvent le même sort. De là les ennemis poussent à Jonvelle, qu’ils pensaient sur prendre, mais qu’ils affrontèrent inutilement, malgré l’absence du nouveau gouverneur (4-7 mai). Grachaut se trouvait à son château de Raucourt[1]. C’est ainsi que la négligence des uns conspirait fatalement avec la maladresse et l’impéritie des autres pour livrer notre malheureux pays ! Bourbévelle, après un troisième assaut, est également mis à feu et à sang. Corre, aidé par quarante soldats d’Ormoy, résiste pendant deux jours et succombe enfin, lorsque tous ses héroïques défenseurs ont mordu la poussière (10 mai)[2]. Jussey, muni de quelque secours,

  1. Preuves, 7 mai.
  2. Corr. du parlem., B, 788. Diverses lettres, parties de Jonvelle, de Jussey et de Vesoul, annoncent ces malheurs au parlement. Grachaut en écrit de Raucourt, le 5 mai, tandis que le receveur Grosjean le faisait de Jonvelle, au nom du capitaine absent. Voir aux Preuves les lettres du receveur Symonnez, de Jussey des officiers d’Amance et du sieur de Villersvaudey-Saint-Remy.