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France (13 septembre), il tomba aussitôt sur la Lorraine, dont la conquête fut achevée en deux mois, par la prise de Nancy (30 novembre). De là il tourna contre les Suisses. En janvier suivant (1476), il dirigea son armée, avec toute son artillerie de Lorraine et des Pays-Bas, par Thon, Neufchâteau et Dombrot, sur Châtillon et Jonvelle, où-il s’arrêta quelques instants. Selon sa fastueuse coutume, il menait avec lui un train de prince et tout l’attirail de ses splendides palais. Aussi défrayait-il avec une royale générosité l’ambassadeur de Louis XI, attaché à ses pas sans nul doute pour surveiller ses démarches, épier ses desseins et lui suggérer les conseils de la perfidie. Après avoir couché et dîné au château de Jonvelle (19 et 20 janvier), gagna la Suisse par les étapes d’Amance, Vesoul, Châtillon-le-Duc, Besançon, Château-Neuf de Vuillafans, la Rivière et Jougne[1]. C’est ainsi que Jonvelle et ses environs étaient continuellement foulés par les passages des gendarmeries du souverain, quand ils n’étaient pas écrasés par les terribles colonnes des ennemis.

Mais Charles n’eut pas contre les Suisses le même succès que contre les Lorrains ; il fut vaincu à Granson (2 mars), puis à Morat (22 juin), grâce à la trahison[2]. Aussitôt René de Lorraine reprit courage, secrètement sollicité par le fourbe Louis XI, qui lui envoya Georges de la Trémouille à la tête de huit mille chevaux. Il rentre dans son duché, et bientôt il en a chassé toutes les garnisons bourguignonnes. L’occasion était belle pour la

  1. Additions aux Mémoires de Commines, p. 412.
  2. Gollut, col. 1300 et 1305.