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une olympie moderne

UNE OLYMPIE MODERNE



i — Le Cadre

L’antique Olympie fut une cité d’athlétisme, d’art et de prière. C’est à tort que l’ordre de ces trois termes a été parfois renversé. Le caractère sacré et le caractère esthétique d’Olympie furent des conséquences de son rôle musculaire. La cité d’athlétisme était intermittente ; la cité d’art et de prière, permanente. Il en sera de même de l’Olympie moderne. Sa raison d’être sera la célébration des Jeux et, dans l’intervalle des Jeux, s’y tiendront des concours d’ordre secondaire, local et spécial. Mais l’art y séjournera de façon continue et aussi la religion. Par là nous ne voulons pas dire qu’on doive y élever une église ni des lieux de culte ni même un de ces temples où s’affirme un déisme indéterminé. Si quelque invocation à Dieu devait ouvrir ou clore les Olympiades, ce qui répondrait au sentiment des Germains, des Anglo-Saxons et des Slaves et pourrait par conséquent être imposé par eux aux Latins, c’est évidemment en plein air que s’accomplirait la cérémonie ; on la voudrait brève et simple ; dans ces conditions seulement, elle acquerrait la majesté désirable. En aucun cas il ne saurait donc être question de prévoir un édifice quelconque consacré à l’accomplissement de rites cultuels. C’est dans un autre sens que nous avons employé le terme : religieux. Olympie ne méritait pas ce qualificatif pour la seule raison qu’il s’y trouvait des temples, des autels et des prêtres. La cité puisait sa sainteté dans le sentiment de piété patriotique qui planait sur elle, dont était imprégné son atmosphère et dont se revêtaient ses monuments. Toute Olympie, digne de son nom et de son but, devra donner la même impression. Une sorte de gravité qui ne sera pas nécessairement austère et peut ne pas exclure la joie devra être répandue à l’entour de façon que, silencieuse dans l’intervalle des concours, elle attire les visiteurs comme une sorte de pèlerinage et leur inspire le respect des lieux consacrés à de nobles souvenirs ou à de puissants espoirs.

C’est à l’architecture qu’il appartient d’assurer cet effet avec l’aide de la sculpture, de la peinture et des autres arts décoratifs. On