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une olympie moderne

sentiment d’ordre élevé. À Olympie on se réunissait pour faire à la fois un pèlerinage au passé et un acte de foi en l’avenir. Voilà bien ce qui conviendrait également aux Olympiades ressuscitées. C’est leur rôle et leur destin d’unir à travers l’heure fuyante ce qui fut et ce qui sera. Elles sont par excellence les fêtes de la jeunesse, de la beauté et de la force. Il faut donc chercher dans cette même note le secret des cérémonies à instaurer.

Il en est une qui existait jadis et qui peut être transposée presque telle quelle. C’est le serment. Avant l’ouverture des Jeux, les athlètes admis à concourir se rendaient dans le temple de Zeus et juraient d’observer en tout la loi des Jeux. Ils se déclaraient sans tares et dignes de paraître dans le Stade. L’image du Dieu remplacée pour chacun par le drapeau de sa patrie, la cérémonie ne ferait assurément qu’y gagner en grandeur, et cette « modernisation » est tellement indiquée qu’il ne vaut pas la peine d’y insister.

Aux récentes Olympiades, la proclamation de l’ouverture des Jeux s’est faite avec une recherche de solennité très appropriée. Nous disons : recherche, car la présence des souverains ou chefs d’État qui, en 1896, en 1904, en 1908, ont prononcé les paroles sacramentelles ne suffisait pas à donner à la circonstance l’ampleur dont elle était susceptible.

À Athènes, des chœurs admirables et un lâcher de pigeons accompagnèrent la proclamation faite par le roi Georges. À Londres, ce fut un défilé assez réussi d’athlètes qui constitua le « clou de la journée ». Le défilé, à vrai dire, semble mieux convenir à la distribution des récompenses qu’à celle de l’ouverture des Jeux. La distribution des récompenses, jusqu’ici, s’était accomplie de la façon la plus vulgaire et la plus hideuse, les lauréats se présentant en tenue de ville, en désordre et sans le moindre souci d’esthétique. Londres innova quelque peu. Le plus grand nombre des jeunes gens parurent dans la tenue de leurs exercices respectifs et ce simple fait transforma complètement l’aspect de la cérémonie. Mais d’un bout à l’autre des Jeux de 1908, la musique fut oubliée : tout se borna aux éclata cuivrés et aux rengaines accoutumées des orphéons. De grandes masses chorales alternant avec de lointaines fanfares constituent par excellence la base des symphonies olympiques que les musiciens de l’avenir voudront sans doute composer. Il leur faudra en quelque sorte la collaboration des architectes. Les problèmes