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une olympie moderne

table pour tous comme principes généraux touchant le cadre de la cité. Après cela, n’empêchons pas peut-être de concevoir un chef-d’œuvre celui qui, s’inspirant d’un idéal tout inverse, proposerait une sorte de Mecque olympique, enfermée derrière ses murailles jalouses et y cachant ses merveilles comme en un écrin discret. Le génie s’accommode parfois d’idées étranges et, avant tout, on ne doit pas décourager le génie.

Un dernier mot. Quand ou parle de l’Olympie antique on tient pour entendu qu’elle se composait de deux parties distinctes. L’Altis ou enceinte sacrée était l’Olympie proprement dite. En dehors et tout contre s’étendait la ville profane, celle des hôtelleries et des marchands. Une telle disposition est à conserver. Du moins conviendrait-il de s’en inspirer en prenant soin que le logement des athlètes, les restaurants, les annexes de tout ordre se tinssent sur la lisière, un peu dissimulés ceux-là, loin de la « Cour d’Honneur » s’il y en a une, sans lien direct avec ce qui doit être le cœur et le centre de la cité, c’est-à-dire les lieux de sport et de musique, le théâtre, la bibliothèque.

Voilà ce que nous avons à dire concernant le cadre. Les édifices seront-ils d’un style unique ? Emprunteront-ils aux différents styles connus leurs meilleures qualités ? Ou bien verra-t-on surgir un style nouveau qui méritera de porter dans l’histoire le nom d’olympique ? Si grande que soit une pareille ambition, n’est-elle pas de nature à tenter de jeunes talents avides d’une gloire légitime d’un renom de bon aloi ?

ii — L’Administration

L’administration de la cité olympique nouvelle ne saurait différer beaucoup de celle de l’Olympie antique en ce que les besoins mêmes de l’institution lui imposent un double caractère qui n’est contradictoire qu’en apparence ; cette administration doit être à la fois intermittente et permanente. Olympie ne s’endormait pas d’une Olympiade à l’autre. Tout au plus pourrait-on dire qu’elle somnolait par instants. Mais il est certain que des concours, des fêtes, des pèlerinages l’animaient fréquemment ; de plus, l’activité préparatoire aux Jeux se manifestait sans doute plus d’une année à l’avance et il fallait bien une demi-année pour