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Les lignes qui suivent terminent le Roman d’un Rallié, paru dans la Nouvelle Revue en 1897. Elles ont été choisies comme résumant la philosophie pratique dont s’inspirent la plupart des écrits de l’auteur mentionnés dans le Répertoire.


« La vie est simple parce que la lutte est simple. Le bon lutteur recule, il ne s’abandonne point ; il fléchit, il ne renonce pas. Si l’impossible se lève devant lui, il se détourne et va plus loin. Si le souffle lui manque, il se repose et il attend. S’il est mis hors de combat, il encourage ses frères de sa parole et de sa présence. Et quand bien même tout croule autour de lui, le désespoir ne pénètre pas en lui.

La vie est solidaire parce que la lutte est solidaire. De ma victoire dépendent d’autre victoires dont je ne saurai jamais les heures ni les circonstances et ma défaite en entraîne d’autres dont les conséquences vont se perdre dans l’abîme des responsabilités cachées. L’homme qui était devant moi a atteint, vers le soir, le lieu d’où je suis parti ce matin et celui qui vient derrière profitera du péril que j’écarte ou des embûches que je signale. 

La vie est belle parce que la lutte est belle : non pas la lutte ensanglantée, fruit de la tyrannie et des passions mauvaises, celle qu’entretiennent l’ignorance et la routine — mais la sainte lutte des âmes cherchant la vérité, la lumière et la justice. »