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lesquels tendirent les modestes industries naissantes. Le confluent marécageux de ces ruisseaux devait peu à peu être assaini et devenir le quartier de la Palud où s’éleva plus tard l’Hôtel de Ville.

Le Lausanne épiscopal ne fut jamais très peuplé ; sept mille habitants à peu près, ni très riche, car, longtemps après, en 1582 les revenus de la ville ne s’élevaient encore qu’à 47,877 francs. Mais les évêques possédaient, eux, des biens considérables et la cathédrale, de plus en plus somptueuse, dominait le réseau des petites rues étroites et mal pavées et la cohue pressée des petites maisons à un étage dont le seul luxe était le bout de jardin qui les agrémentait.

Vers l’an mil, Rodolphe iii, dernier roi de la Bourgogne transjurane, avait fait don du Comté de Vaud à l’évêque de Lausanne, Henri de Lenzburg. On constate que, dès 1125, les évêques étaient qualifiés de Princes de l’Empire et gouvernaient, en fait, de façon souveraine bien qu’« au nom de la Bienheureuse Vierge Marie » considérée comme propriétaire et dont ils affectaient de n’être que les administrateurs-délégués.

Dès cette époque aussi, les sujets commençaient bon gré mal gré d’arracher des franchises à leurs maîtres. En 1144, il y avait déjà un « Plait général », sorte d’assemblée des États formée de députés de la noblesse, du clergé et des bourgeois. Ces mandataires se réunissaient chaque an, les trois premiers jours du mois de mai, dans une auberge de la rue de Bourg et, si peu prestigieux que fut le cadre, le concours de ce pouvoir naissant était nécessaire à l’évêque pour édicter des lois ou battre monnaie.

L’évêque avait bien une petite armée mais plutôt prête à la parade qu’à l’action. Cela l’incitait au dangereux expédient d’une entente conclue avec quelqu’un des seigneurs féodaux du voisinage dont il achetait la protection. Les comtes du Genevois, les ducs de Zähringen, les sires de Faucigny et enfin les comtes de Savoie furent les protecteurs successifs et intéressés de Lausanne. Ces derniers, plus solides ou plus obstinés, établirent leur influence à demeure et surent provoquer et appuyer en 1282 une insurrection du peuple lausannois contre le pouvoir épiscopal : peut-être les anti-cléricaux de l’époque