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PAR LES VILLES ET LA CAMPAGNE


Le soleil vient d’émerger de la crête alpestre et ses premiers rayons encore froids ont couru d’un bout à l’autre du pays de Vaud portant l’heureuse annonce de la chaleur prochaine. Ils ont averti tout d’abord la région du Jura : les bois de Ballaigues où, sur les dalles usées des voies romaines, les roues des chars ont laissé l’empreinte de leurs cahots, les Aiguilles de Baulmes découpant sur le vide leur corniche ébréchée, les pentes du Chasseron sur lesquelles, les années passées, roulait souvent l’écho du canon d’Alsace.

Puis la plaine, à son tour, a reçu les flèches d’or. Elles se sont accrochées d’abord aux sommets aigus des tours féodales. Sur les collines oblongues qui leur servent de piédestaux, Orbe, Avenches ont semblé se dresser pour accueillir le message de l’astre bienfaiteur ; toutes deux chargées d’ans et de renom, Orbe « aux sept églises », où les fils de l’empereur Lothaire s’assemblèrent pour partager leurs États, où Nicolas de Joux retint, avec une poignée d’hommes, l’assaut furieux de 5 à 6000 Bernois ; Avenches, bien plus ancienne encore, protégée des empereurs, où séjourna Vespasien et que dominait le temple d’Aventia, protectrice de la cité, Avenches avec son enceinte flanquée de 80 tours et percée de portes à voûtes « sous lesquelles les chars passaient en suscitant l’écho »[1], Avenches qui sommeille déchue mais encore baignée, semble-t-il, « dans une atmosphère d’épopée ». Puis c’est Yverdon aux grandes avenues ombreuses encadrant son clocher compliqué, ses gros donjons, ses prairies semées de roseaux où les vagues du lac se faufilent en maraude ; c’est Morges, bien rangée sur la rive autour de son arsenal à figure débonnaire, avec son petit port vétuste ouvrant en face du Mont-Blanc ; c’est

  1. G. de Reynold, Cités et Pays Suisse.