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s’ouvrit exceptionnellement pour lui. L’une des plus belles et des plus émouvantes parmi ses œuvres, les Sept Paroles du Christ avait déjà vu le jour et connu le succès. Puis ce seraient, au théâtre : Loys — les Armaillis, drame alpestre, — le Nain du Hasli, légende féerique — la Tisseuse d’orties, encore une légende ; car les Celtes affectionnent le merveilleux sans y croire et leur doute ailé aime à s’envoler dans le rêve.

Entre temps, des recueils de mélodies se succédaient. Doret contribuait ainsi par des chœurs et des pièces symphoniques à ces belles représentations du théâtre du Jorat, conçues et dirigées par son ami René Morax. La rénovation de l’art de plein air était faite pour le tenter. La fameuse Fête des Vignerons qui se célèbre à Vevey à de longs intervalles lui permit, en 1905, de déployer toutes les ressources de son imagination. Ainsi ce grand artiste a déjà touché à tous les genres et, chose plus rare, il y a réussi. Il se doit maintenant de faire école et d’aider à ce que le pays de Vaud et sa capitale deviennent le centre d’un grand mouvement musical.

Il ne semble pas, au premier abord, que la science et surtout la science médicale puissent grandement se nationaliser. Qu’un littérateur ou un artiste s’inspirent plus ou moins consciemment du pays dont ils émanent, la chose s’accepte aisément, mais un chirurgien !… Et pourtant, lorsqu’en novembre 1915, on a célébré le jubilé professoral de César Roux, le Dr  Vuillet voulant lui rendre un juste hommage a, dès les premiers mots, parlé de « clinique vaudoise ».

Y a-t-il donc une façon vaudoise d’opérer ? Non, mais il y a une façon vaudoise de concevoir la carrière de chirurgien et de la suivre. Il y a aussi une façon vaudoise d’avoir du génie ; tel est le cas de César Roux.

Le génie de César Roux est comme un vaste paysage prodigieusement varié et uniformément lumineux dans lequel se cachent des multitudes de petites fleurs idéalistes tandis que s’affirment bien en vue toutes sortes de plantes populaires et utiles. Une ligne fataliste barre doucement l’horizon.

Et voilà une fois de plus le paysage vaudois photographié dans le cerveau d’un de ses fils — d’un de ceux sans doute qui