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TROIS VAUDOIS D’AUJOURD’HUI


La force inspiratrice et nourricière d’un pays pourrait-elle mieux s’exprimer que par les reflets de la terre natale et de son génie qui chatoient à travers les œuvres de ses fils ? Ils sont beaucoup, les Vaudois dont les écrits ont honoré et honorent leur patrie ; ils sont plusieurs qui l’ont grandement illustrée. Chez presque tous, ces reflets sont abondants ; chez aucun, ils ne font complètement défaut.

Prenez, par exemple, les romans de Benjamin Vallotton. C’est déjà une jolie légion, homogène dans sa diversité et à laquelle la jeunesse de l’auteur promet un accroissement en effectifs et en renommée. Ils nous content des aventures ou mieux (car d’aventures il n’y a point) ils nous dessinent des silhouettes qui s’incrustent dans la mémoire. Tel M. Potterat[1], le brave commissaire de police de Lausanne qui « ne goûte pas les questions trop abruptes » et dont « la nature nuancée répugne aux affirmations absolues » parce qu’il sait que « dans l’état actuel de nos connaissances, il faut procéder par à peu près, user d’expressions flexibles, laisser cohabiter des constatations contradictoires en apparence et respecter par l’imprécision dilatoire de son verbe la complexité infinie de la vie ». Évidemment M. Potterat craint « les embêtements » ; il est proche parent de cet excellent campagnard, témoin cité en justice et auquel on demandait son opinion sur la véracité de l’accusé ; était-ce vraiment un menteur ?… « Oh là ! répondait-il, menteur ! c’est un bien gros mot ; il est seulement un peu économe de vérité ! » Potterat est de cet acabit dans une certaine mesure, mais il est aussi homme de devoir et sentimental par accès. Sa philosophie est instructive ; elle vaut un traité

  1. Propos du commissaire Potterat -- M. Potterat se marie -- Ce qu’en pense Potterat. Rouge & Cie éditeurs, Lausanne.