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lement d’y réussir. La résistance fut infatigable. Déjà du vivant de Rodolphe iii, les seigneurs de son royaume parlaient haut et fier ; quelques-uns étaient sur leurs terres plus puissants que le suzerain et, à sa mort, ils devinrent à peu près indépendants. C’étaient les comtes de Maurienne, de Provence, d’Albon ; les une ancêtres de la maison de Savoie ; les autres, tige des « Dauphins » du Viennois. C’était cet Othon-Guillaume, « comte de la Haute-Bourgogne » et si complètement maître chez lui que ses domaines allaient prendre le nom de « Franche-Comté ». Vassaux de ceux-là, les comtes de Forcalquier, les princes d’Orange, les barons des Baux s’émancipèrent à leur tour. Le féodalisme pénétrait tout le royaume d’Arles et en ébranlait les fondements, — situation d’ailleurs avantageuse pour l’empereur qui n’aurait, semble-t-il, qu’à opposer ces petits souverains locaux les uns aux autres. Et d’autant mieux que, dans le même temps, les rois Capétiens se trouvant fort occupés à lutter à l’ouest contre les prétentions anglaises devaient se désintéresser quelque peu de la vallée du Rhône, du moins renoncer à y intervenir énergiquement. Mais le germanisme ne gagna rien. Frédéric Barberousse (1157), Frédéric ii (1215) s’épuisèrent en vains efforts. Ils donnèrent le Pays de Vaud aux seigneurs de Zähringen, la région d’Arles aux seigneurs des Baux. Ces investitures furent sans effet. Ni les marchands marseillais, ni les hérétiques de Provence, tour à tour menacés ou flattés ne fournirent de point d’appui stable. Et le pape Innocent traqué par l’empereur ne trouvait pas de plus sûr abri que dans la ville de Lyon dont son ennemi se prétendait le souverain. Bientôt d’ailleurs le roi de France, Philippe le Bel réannexerait Lyon ; les diverses régions de la vallée du Rhône suivraient. Quand à la Savoie, ses ducs allaient contourner le lac Léman et étendre leur puissance jusqu’à Moudon, jusqu’à Romont. De 1263 à 1268 Thomas de Savoie s’empare de tout le Pays de Vaud et possède les rives du lac de Neuchâtel jusqu’à Morat.

Ainsi tout l’ancien territoire bourguignon demeure, malgré le testament de Rodolphe iii, obstinément attaché à la civilisation celto-romaine. Il pourra maintenant être dépecé, changer de maîtres, subir mille contraintes ; ses destins sont fixés ; rien