En 843 tout à coup le traité de Verdun la ressuscitait, à peu près telle qu’elle était au temps du roi Gondebaud, avec ses annexes diverses. Ce royaume inopinément reconstitué faisait partie du patrimoine attribué à Lothaire et appelé de son nom, Lotharingie. Singulière suite d’États-tampons allant de la mer du Nord à l’Adriatique et destinée à amortir les conflits entre la France et l’Allemagne, ces éternels conflits voulus par la géographie et dont l’entreprise éphémère de Charlemagne venait de se montrer impuissante à préserver l’avenir.
La Lotharingie — on le conçoit rien qu’à la regarder sur la carte — n’était point faite pour vivre. Dès 855 Lothaire la dépeçait ; il donnait à son troisième fils, Charles, la Savoie, la Provence, Lyon et le Dauphiné avec le titre de roi de Provence. Un quart de siècle plus tard (879) il fallait pourvoir à la vacance du trône. Les prélats et les seigneurs bourguignons assemblés à Montaille élirent un nouveau souverain en la personne de Boson, comte de Vienne. Mais Boson mourut dès 887 et son héritage aussitôt se divisa. Aux mains des Capétiens allait se trouver pour longtemps le duché de Bourgogne, les ducs Capétiens étroitement associés à la vie française, se succéderaient régulièrement pendant près de quatre siècles. La Bourgogne transjurane s’émancipa. Elle se donna pour roi Rodolphe ier, fils de Conrad, comte d’Auxerre (888). Cette dynastie devait régner un peu plus de cent-vingt-cinq ans. Rodolphe ii refit partiellement l’unité en dépouillant le petit-fils de Boson de la Provence. Alors se trouva constitué sous le nom bizarre de « royaume d’Arles » un État riche et puissant qui s’étendait de la Méditerranée à l’Aar et couvrait tout l’est de la France. Malgré que les Hongrois d’un côté, les Sarrasins de l’autre, y exerçassent des ravages, le règne de Conrad le Pacifique (937-993) sembla consolider la couronne et lorsqu’en 993 Rodolphe iii fut proclamé à Lausanne, nul ne se fut avisé qu’il serait le dernier du nom. C’était un prince efféminé qui n’avait ni le goût du pouvoir ni le sentiment de ses devoirs. Sans enfants, il se laissa persuader de léguer ses États à l’empereur d’Allemagne Henri ii, fils de sa sœur (1016).
Vain titre qu’il eut fallu pouvoir revendiquer efficacement. Pendant plusieurs générations, les Allemands tentèrent inuti-