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jamais pu franchir de langue ni de mentalité et qu’ici en bas, dans ce petit Monte-Carlo dont les façades de plâtre luisent au soleil, la fainéantise cosmopolite a pu déléguer trop souvent ses piètres représentants sans que leur corruption ait rien détruit ni rien atteint aux alentours.

Mais voici que, sous l’action des jeux de l’atmosphère, le décor semble s’animer. À la surface du lac les courants du Rhône ont tissé une moire merveilleuse ; l’ombre des nuages court rapide sur les bois et les prairies et des touches rutilantes se posent çà et là à la pointe d’un rocher ou sur le toit d’une maison. Partout on sent la vie. Seul immuable, le Jura s’allonge apaisé, calme, suggestif… Ô mystère de la ligne qui donne de l’éloquence au simple contour des monts lointains. Ce Jura, il est vrai, est plein d’histoire : frontière actuelle du Pays de Vaud, il constitua longtemps l’épine dorsale du royaume de Bourgogne.