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que, pour les tout petits enfants, les bonbons sont à la bouillie. La bouillie, c’est l’ordinaire ; on l’oublie ; tandis qu’un caramel bien placé laisse un souvenir ineffaçable. Les grandes tirades passent, les petits conseils demeurent. Il arrivera parfois que le président de l’association sera un des professeurs. En effet, le capitaine et le président doivent, autant que possible, être deux personnes différentes ; les qualités requises pour l’un et pour l’autre ne sont pas du tout les mêmes. Le capitaine doit être entreprenant, hardi, bon athlète et doué de ce magnétisme d’ordre inférieur, que dégagent la vigueur et la santé ; je dis d’ordre inférieur parce qu’il y en a un autre, plus mystérieux et plus puissant, que certains hommes ont le dangereux privilège de posséder. Pour la présidence, un élève instruit, distingué, raisonnable, s’impose aux suffrages de ses camarades. Si un des professeurs veut bien accepter cette charge, le proviseur se trouvera délivré d’un grand souci et en éprouvera beaucoup de sécurité, mais cela ne saurait être dès le début. Il faut que l’association ait fait ses preuves de viabilité et un peu à elle toute seule. Laissez les élèves se débrouiller et acquérir cette « notion des difficultés » qui manque à tous les théoriciens et que donne la pratique. L’année suivante, ils seront plus modestes et plus malléables, plus reconnaissants aussi envers ceux qui s’offriront à les aider.

Enfin, de quels privilèges va jouir l’association ? Que va-t-elle organiser ? Il est impossible de proclamer en cela une règle générale ; tout dépend des circonstances : l’opportunisme est de rigueur. Certains lycées nouvellement créés ne sont pas encore assez remplis pour qu’on ne puisse mettre à la disposition de l’association une cour tout entière. Tel est le cas à Voltaire, à Buffon. D’autres ont un parc comme Lakanal et Michelet, ou bien le bois de Boulogne à proximité comme Janson. Parfois en province, une municipalité complaisante mettra à la disposition des jeunes gens un terrain inoccupé. S’il touche au collège, comme à Béthune, on pourra s’y entraîner presque chaque jour. S’il est éloigné, on ira du moins le jeudi. Le jeudi doit être le grand jour pour l’association. Les mois d’hiver, le football, avec de temps à autre un rallie d’une douzaine de kilomètres ; l’été, des courses à pied ou en bicyclette et quelques excursions