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la construction du voisin, comme si l’on voulait isoler son propre pignon pour le mettre plus en vue ? De la sorte, au lieu d’être la résultante de forces agissant dans le même sens, l’éducation, œuvre harmonieuse s’il en fût, ressemble à une mosaïque où chacun s’attache à incruster une pierre aussi grosse et aussi voyante que possible, sans souci de celles qui se trouvent à côté. Que les professeurs témoignent donc aux associations athlétiques l’intérêt qu’ils leur portent, en membre honoraires, en ne décourageant pas ces transports d’allégresse par lesquels nos jeunes athlètes accueillent la victoire de leur lycée, et qui témoignent, parfois très bruyamment, de la vivacité de leur « esprit de corps ». Si les professeurs n’ont point de motifs de combattre les associations, les maîtres répétiteurs en auraient beaucoup pour s’y intéresser d’une manière effective. Ils peuvent y rendre de si grands services et y acquérir avec un peu de bon vouloir et d’enjouement tant de titres à la reconnaissance des élèves ! Je sais bien que l’association athlétique complique et allonge un peu leurs devoirs de surveillance. Je sais aussi qu’ils appartiennent à une génération qui méprisait trop l’exercice physique et ne savait pas jouer. Les nouveaux venus apporteront sans doute plus de saine gaieté et d’entrain juvénile dans leurs fonctions. En tous les cas, bien des professeurs et des maîtres répétiteurs se sont dévoués spontanément à nos associations, de même que parmi les professeurs de gymnastique, certains ont tenu à l’honneur d’apporter leur concours désintéressé. Que les uns et les autres reçoivent ici nos remerciements. Leurs collègues, peu à peu, suivront ce bon exemple.

Il convient que l’administration de l’association soit empreinte d’une simplicité républicaine. Tous les quinze jours, — plus souvent, si cela est nécessaire, — une réunion très courte du comité ; pas de discours, pas d’éloquence ; chacun parlant à sa place et disant ce qu’il a à dire ; la préoccupation de bien mener la société dominant tous les autres sentiments, voilà ce à quoi il faut arriver. Je pourrais citer plus d’un établissement où déjà les choses se passent ainsi. Le proviseur se fait rendre compte de chaque séance ; de temps en temps il y assiste et en profite pour donner de ces conseils sans prétention qui sont aux grands sermons ce