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OLYMPIE
Conférence donnée à Paris, dans la Salle des Fêtes de la Mairie
du XVIe arrondissement
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En acceptant — bien imprudemment, je le crains — de traiter un sujet que résume un nom de trois syllabes et de sept pauvres lettres, je me suis donné une tâche difficile, car ce nom est un des plus vastes de l’histoire.

Beaucoup parmi vous, peut-être ne s’en rendent pas compte. Sans doute attendent-ils de moi un aperçu de la technique sportive antique, une énumération rapide des trésors artistiques exhumés par l’effort méritoire de l’école allemande d’archéologie, voire le rappel des coups de pioche rudimentaires donnés, il y a cent ans, par la mission française qui accompagnait l’expédition de Morée et à laquelle on dut la découverte d’Olympie, car, pendant des siècles, la trace en avait été perdue : le limon déposé par l’Alphée et le Cladeos dont la jonction s’opère au pied des ruines, avait achevé l’œuvre des convulsions de la nature et de la barbarie des hommes. Rien n’indiquait plus l’emplacement de tant de gloire, de tant de passion, de tant d’énergie dépensées.

Tout cela — et d’autres sujets connexes — voudraient une série de leçons : et, qui sait ! peut-être quelque Sorbonne de l’avenir insèrera-t-elle dans son programme un cours d’olympisme.

Car il existe un Olympisme, donc une doctrine. J’en suis fâché pour ceux — nombreux — qui m’ont honni lorsque j’ai ajouté ce néologisme au langage usuel, mais il le fallait bien. Toute doctrine philo-sophico-religieuse comme l’est celle-là, veut un nom qui l’évoque et la désigne.

Ainsi, voilà mon auditoire fixé sur mes projets et probablement un peu déçu : il espérait des récits de fêtes, des anecdotes, une promenade d’aviateur au-dessus de ce passé deux fois et demi millénaire ; et c’est à une âpre étude de philosophie que je le convie. Laissant à d’autres le soin de détailler le splendeur sculpturale et architecturale dont se paraient les monuments et les sites d’Olympie, vous renvoyant pour le détail des concours aux multiples notices qui ont été publiées et dont aucune sans doute n’est complètement exacte, ni complètement erronée, je veux m’efforcer de vous faire entendre pourquoi et comment le lieu au nom mémorable dont j’ai à vous parler fut le berceau d’une conception de la vie proprement hellénique en sa formule et qui donne à l’histoire de l’Hellénisme la part fondamentale de son relief.

Un tel exposé ne s’enferme pas volontiers dans les murs d’une enceinte comme celle-ci, si sympathi-