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à Eleusis. Madame Sikelianos a rendu une vie artistique à Delphes, mais le Collège sacerdotal n’y dirigera plus la politique. La Pythie s’est tue comme l’oracle de Dodone… mais Olympie vit toujours car l’Olympisme est répandu par le monde.


Nous pouvons voir là le symbole de la pérennité hellénique. Car votre pays, Monsieur le Ministre, a déplacé les lois de l’histoire puisqu’il a contredit ce que l’on tenait pour certain, à savoir que les nations vivaient fatalement une jeunesse, un âge mûr et une vieillesse, comme les individus. C’est par la Grèce du siècle dernier que l’humanité a su qu’il n’en était rien, qu’un peuple pouvait demeurer trois siècles enfermé dans un sépulcre et en sortir non seulement vivant mais rajeuni, en sorte que cette vérité est maintenant la loi historique suprême : « On ne tue que les peuples qui veulent bien mourir ». Et la vue des destins humains s’en est trouvée changée.

Sortie du tombeau, on a cru voir une Grèce nouvelle sectionnée d’avec celles qui l’avaient précédée. On ne voulait point apercevoir de lien entre l’antiquité, ce qu’on appelait la période byzantine et l’inattendu moderne qui se révélait. Mais aujourd’hui, les plus prévenus et les moins avertis commencent à comprendre la puissance de l’unité hellénique et comment la sève de l’hellénisme actuel est pareille à celle d’antan. Cette sève, l’Europe et le monde en ont besoin. Qu’elle monte, qu’elle féconde, qu’elle enivre ! Zito Ellas !