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maintenant autour de moi et prenaient confiance en notre œuvre. Nous avions arrangé une série de fêtes destinées à rendre le séjour de Paris agréable aux délégués étrangers. Mais viendrait il des délégués ? Aux approches du printemps, on avait peine à l’espérer. L’Allemagne, la Suisse, la Hollande ne répondaient pas. Des autres pays, on s’excusait déjà. La correspondance devint écrasante : il fallut revenir à la charge, insister. Le succès s’affirma tout d’un coup presque au dernier moment. Il y eut des délégués Anglais, Américains, Suèdois, Espagnols, Italiens, Belges, Russes ; le délégué Hellène, M. Bikelas, déjà présent à Paris avait partagé nos craintes et nos espérances. Des adhésions vinrent en outre, sur lesquelles nous ne comptions guère ; l’Australie elle-même envoya ses vœux chaleureux. La séance d’ouverture qui eût lieu en grande solennité le Samedi 16 Juin devant un auditoire de près de deux mille personnes et qui se termina par l’exécution de l’Hymne à Apollon donna au congrès son véritable caractère : Les Jeux olympiques passaient en première place.

Leur rétablissement fut décidé à l’unanimité. Nous proposions de les inaugurer en 1900 ; on préféra devancer cette date. Celle de 1896 fut adoptée et Athènes, désignée sur la proposition de M. Bikelas, comme le lieu ou les Jeux seraient célébrés tout d’abord. Il fut décidé que les suivants auraient lieu à Paris en 1900, puis qu’on les célébrerait successivement dans les grandes capitales du monde, de quatre ans en quatre ans. Le Congrès nomma un Comité International de quatorze membres pour veiller à l’exécution de ses décisions. Ainsi prit naissance une œuvre qui parait appelée à d’heureuses destinées ; elle a été, depuis lors, souvent critiquée et même violemment attaquée ; tout le monde ne la comprend pas ; on en parle sans se renseigner suffisamment sur ses origines et son but. Pour moi j’en revendique hautement la paternité et je veux ici remercier une fois de plus, ceux qui m’ont aidé à la mener à bien ; ceux qui croient avec moi que l’athlétisme en sortira grandi et ennobli et que la jeunesse internationale y puisera l’amour de la paix et le respect de la vie.

Athènes 7/19 Avril 1896.

PIERRE DE COUBERTIN