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de nouveauté. À mesure que M. Millioud déroulait devant nous, avec son habituel talent d’évocation, les péripéties successives de la civilisation générale, la similitude et la dissemblance des événements et des situations s’affirmaient avec une curieuse insistance. N’oublions jamais que les sentiers dans lesquels nous passons ont été déjà parcourus et que, d’autre part, nous nous y engageons à une heure différente et dans des conditions différentes aussi, au point de vue de l’allure et du bagage. Par là pouvons-nous profiter des expériences ancestrales sans risquer de négliger l’ambiance présente.

La croyance en l’immobilité de l’âme égyptienne est une vieille habitude d’esprit ; on s’est si obstinément représenté l’Égypte sous les traits des grandes statues qui siègent hiératiques et immuables au sein des temples ! Depuis longtemps cependant l’égyptologie, dont M. le professeur Gustave Jéquier est un des plus éminents représentants, a substitué à cette vision erronée quelque chose de plus précis et de plus humain. Comme toutes les sociétés civilisées, — et celle-là le fut à un haut degré, — la société égyptienne a beaucoup cherché et beaucoup évolué ; elle a reçu et elle a donné ; elle a créé et elle a transformé. Son prétendu isolement et sa prétendue stagnation n’ont jamais existé. Les Égyptiens ont connu le féodalisme et la démocratie, le droit divin et les castes sacerdotales, mais tout cela sous des modalités originales qui compliquent la tâche de l’historien anxieux de pénétrer leur mentalité. Gardons de la belle leçon qui nous fut faite le souvenir de la courbe aux trois sommets qui dessine l’existence accidentée de l’ancienne Égypte : trois fois ses chefs ont su la conduire dans les voies de la prospérité et de la splendeur et l’y