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L’ÉDUCATION PHYSIQUE
AU xxe SIÈCLE



LA PEUR ET LE SPORT


On a souvent disserté sur la peur, mais au point de vue de la science pure ; ou bien on l’envisageait à travers le prisme romantique ; elle a été peu étudiée au point de vue pratique. On l’analyse, on la dépeint, on ne s’avise pas de la guérir. Lorsqu’on s’en avisera, l’exercice physique apparaîtra comme le plus sûr moyen d’en avoir raison.

Il existe plusieurs espèces de peur. La poltronnerie en est la forme la moins recommandable. Ce n’est pas tout à fait la lâcheté, mais cela y mène. La lâcheté est une débandade complète de l’être, l’aveu de son impuissance totale en face du devoir. La poltronnerie est un recul devant un danger qui s’offre mais qui ne s’impose pas. Après tout, vous n’êtes pas obligé, vous qui faites du sport, de monter ou de conduire ce cheval qui vous effraye ; vous pouvez descendre de bicyclette ayant ce tournant qui vous inquiète ; vous avez le droit de redouter les poings d’un boxeur trop robuste ou d’éviter, en nageant, l’angoisse d’un remous ou d’un courant trop violent. À vous de déterminer, dans le tréfonds de votre