Excellence, Messieurs,
elui qui va s’éloigner de la terre fertile sur laquelle il a
résidé de nombreuses années, qu’il a cultivé de ses
mains et qu’ont embellie pour lui la floraison du succès
et celle de l’amitié, voudra le dernier jour monter sur la hauteur
d’où la vue s’étend jusqu’à l’horizon. Là, songeant à l’avenir,
il s’inquiètera des travaux inachevés, des perfectionnements
réalisables, des mesures à préconiser contre les périls éventuels.
Que tel soit en ce moment mon état d’esprit, nul de
vous ne s’en montrera surpris. Et parce que le domaine est
vaste et l’heure brève, vous m’approuverez d’écarter les vains
compliments et de m’en tenir à des paroles précises. À la place
d’un discours ornementé, vous accepterez un rapport personnel
net et franc.
Ma première préoccupation concerne certaines utopies dont je regrette de n’avoir pu jusqu’ici avoir raison. L’une consiste à croire que le sport, entré définitivement dans les mœurs, ne risque plus d’en sortir. Grave erreur. Le sport est une contrainte corporelle entretenue par la pratique passionnée de l’effort superflu. Il n’est donc pas naturel à l’homme qui, lui, tend toujours à obéir à la loi du moindre effort. En ce moment le sport est soutenu par la mode : puissance irrésistible mais vite épuisée. Il ne faut rien savoir de l’histoire pour s’imaginer que l’engouement des foules actuelles durera indéfiniment. Cet engouement que nous avons si fort contribué, mes amis et moi, à provoquer il y a quarante ans parce qu’il devait nous fournir un levier opportun, on le verra disparaître