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ment physiologique et, je le répète, la physiologie ne procurera que d’imparfaites données tant qu’on ne s’avisera point de les compléter par des données d’ordre psychique. En presque tous les sports, la décision brusquée d’une part, l’hésitation de l’autre, entravent le progrès et préparent la défaite. C’est généralement la peur qui en est cause… où se cache la peur dans le corps ? Elle revêt des formes différentes selon qu’elle siège dans les nerfs, vient du cerveau ou se tient simplement dans les muscles, car la mémoire d’un échec antérieur des muscles suffit souvent à la provoquer. Nous notons cela tous les jours chez le cheval. Pourquoi négligeons nous de l’observer chez l’homme ? j’ai signalé depuis longtemps ces problèmes, espérant que les spécialistes envisageraient de les examiner. Ils ne le font pas. Ainsi s’affermit la notion — voilà la troisième utopie dont je voulais parler — que l’anatomie suffit à tout et qu’elle doit, en éducation physique, exercer les fonctions d’un directeur-gérant à pouvoirs illimités.

Vous vous étonneriez sans doute, Messieurs, si je passais sous silence la fameuse question de l’amateurisme. Elle n’était pas si insoluble qu’on le croit. Avant la guerre, un peu de bon vouloir de part et d’autre eût suffi à la solutionner. Aujourd’hui l’affaire s’est compliquée car la vie chère en a transformé les éléments, et l’opinion n’est pas disposée à laisser le sport devenir un passe-temps de gens riches. Je n’ai pas l’impression qu’on doive attendre du présent congrès une définition unique de l’amateur applicable à tous les sports. Mais, que dans chaque Fédération, le règlement actuel soit honnêtement appliqué, voilà ce à quoi il faut avant tout s’efforcer d’aboutir. Il n’en est pas ainsi. Rien ne sert de nier l’évidence. On triche et on ment beaucoup. C’est la répercussion dans le domaine sportif d’une morale qui s’abaisse. Les sports se sont développés au sein d’une société que la passion de l’argent menace de pourrir jusqu’à la moelle. Aux sociétés sportives de donner maintenant le bon exemple d’un retour au culte de l’honneur et de la sincérité, en chassant de leurs enceintes le mensonge et l’hypocrisie. Avant de se préoccuper d’établir une définition parfaite de l’amateur, qu’elles commencent par imposer le respect absolu des définitions imparfaites actuellement en vigueur et auxquelles on a pris l’habitude de désobéir sans