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Mesdames, Messieurs,

En répondant à votre gracieux appel, en acceptant d’inaugurer aujourd’hui la série de vos conférences, je n’obéis pas seulement à l’impulsion d’un philhellénisme irréductible, je ravive en moi-même un précieux et lointain souvenir. Voici plus de vingt-trois années, un soir de novembre 1894, invité par les membres de votre célèbre association athénienne « le Parnasse » à prendre la parole au milieu d’eux, je leur exposais ce qu’il fallait attendre de la propagation des sports. Quelques mois plus tôt dans le grand amphithéâtre du Palais de la Sorbonne à Paris, le rétablissement des Jeux Olympiques avait été proclamé et cette initiative parachevant l’œuvre à laquelle je m’étais attaché depuis 1886 en assurait le succès définitif. Je venais donc apporter aux Hellènes le salut du Néo-olympisme et leur persuader d’en consacrer l’existence en consentant que les Jeux de la première des Olympiades modernes fussent célébrés sous leurs auspices au pied de l’Acropole. Des enthousiasmes naquirent et se développèrent autour de cette idée — de violentes oppositions également. Je n’ai oublié ni les uns ni les autres.

Aujourd’hui que près d’un quart de siècle a passé sur ces événements, il est plus aisé d’apercevoir leur sens et leur portée. Nous savions déjà avec certitude, avant que la guerre générale fut déchaînée,