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gage plus saisissable. Il serait vain de chercher à la rappeler et sa collaboration risquerait d’être fort décevante. Mais l’histoire est là pour tenir son rôle, l’histoire dont nous éprouvons si tragiquement aujourd’hui que les enseignements ont fait défaut à la société contemporaine à l’heure où elle s’approchait de l’abîme, l’histoire dont les grandes lignes et les vastes aspects que tous peuvent comprendre disparaissaient sous la recherche minutieuse du détail isolé, sous la série des dates inutiles et le fatras de la documentation desséchante, l’histoire, seul précepteur des démocraties prochaines, seule garantie directrice de la foule dans les voies de la sagesse.

J’entends bien que des explications seraient nécessaires et que ce n’est pas en quelques paroles qu’on peut introduire cette nouveauté d’une sorte d’université populaire basée sur l’enseignement historique scientifiquement vulgarisé. Les objections, je suis prêt à les accueillir et à y répondre. Ici je dois me contenter d’un simple exposé.

Les quatre bases du gymnase grec sont donc à notre portée et sa mission reste identique, agrandie pourtant par deux circonstances qui sont à mentionner. D’une part a disparu l’esclavage, ce chancre des sociétés antiques qui en retardait les progrès et en stérilisait les efforts. De l’autre a surgi l’alcoolisme, ce fléau des temps modernes dont on ne détruira l’antre — le cabaret — qu’en le remplaçant. Ce m’a toujours été, je dois l’avouer, un sujet de regrets que l’indifférence des sociétés antialcooliques à cet égard. Depuis trente ans elles ne nous ont apporté, dans notre campagne de propagande sportive, aucun appui. Sourdes aux appels que nous leur adressions en vue d’une collaboration efficace, elles