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que. Pour agir sur la jeunesse, il faut comprendre son ardeur à vivre et, pour la comprendre, il faut en professer le culte jusqu’au bout. La méconnaissance de ce principe supérieur rendrait stérile toute tentative de restauration du gymnase antique.

Car voilà par quoi je veux terminer, bien loin pourtant d’avoir épuisé un tel sujet. Nous devons rétablir le gymnase municipal de l’ancienne Grèce et il nous donnera la paix sociale. Pour cette besogne nous avons des facilités que les Anciens ne connurent jamais. Laissez-moi vous en énumérer quelques-unes. Et d’abord ces perfectionnements techniques que j’évoquais tout à l’heure et qu’une industrie bienfaisante a multipliés dans le domaine des sports. Quelle joie eût ressenti la belle jeunesse de l’Hellade aux temps passés si elle avait possédé le fleuret, cette arme obéissante, le gant de boxe souple et ferme, la bicyclette enjoleuse, et surtout l’outrigger, merveilleuse embarcation dont le seul contact entraîne déjà le rameur ! Quelle griserie pour l’athlète d’antan si il avait eu à sa portée nos multiples engins de gymnastique ! En vérité, jamais la volupté sportive n’a été rendue plus attrayante que de nos jours ni plus nombreuses les occasions qu’elle a d’exercer son emprise. Des pistes de courses à pied, les installations nécessaires aux sauts, au grimper, au lancer, les locaux ou les terrasses propres aux sports de combat, un manège de plein air pour l’équitation, un garage de bateaux sur la rivière voisine si la nature ou l’homme l’ont faite navigable, voilà qui représente pour une municipalité assez intelligente pour en faire les frais des capitaux placés à cent pour cent. Une amélioration similaire s’affirme dans le domaine de l’hygiène. Si