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torité sportive est forcément due au mérite reconnu et accepté. Un capitaine de football, un chef de nage d’aviron choisis pour d’autres motifs que leur valeur technique et voilà le succès de l’équipe compromis. D’autre part, si une contrainte mal comprise pèse sur chaque équipier et restreint trop complètement sa liberté individuelle, ses co-équipiers en ressentent l’effet néfaste. Ainsi, par une leçon de choses perpétuelle, s’affirme aux yeux du sportif la nécessité du commandement, du contrôle, de l’union tandis que la nature même de la camaraderie qui l’environne l’oblige à voir dans ses camarades à la fois des collaborateurs et des rivaux ce qui, au point de vue philosophique, apparaît comme le principe idéal de toute société démocratique.

Si nous ajoutons à cela que la pratique des sports crée une atmosphère de franchise absolue par la raison qu’il est impossible de fausser des résultats plus ou moins chiffrables et dont le contrôle de tous fait la seule valeur (même avec soi-même un sportif ne peut tricher utilement) nous en arriverons à cette conclusion que la petite république sportive présente une sorte de raccourcis de l’État démocratique modèle.

Existe-t-il un moyen de les relier l’un à l’autre comme la cellule à l’organisme ? Voilà, de nos jours, un problème passionnant. De même que la pédagogie sportive individuelle consiste à étendre à tous les actes de l’individu les qualités viriles engendrées autour de l’acte sportif, il existerait alors une pédagogie sportive sociale dont l’objet serait d’employer à l’apprentissage de la vie publique les rouages modestes de l’activité sportive organisée. Nous trouvons cela déjà dans ce collège arnoldien si gé-