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Mais où sont les bases et les limites d’un tel équilibre ?

Ce qui rend l’inégalité difficile à supporter par ceux au détriment desquels elle existe, c’est principalement sa tendance à perpétuer l’injustice. On se révolte contre elle à cause de son double caractère : elle est le plus souvent permanente et injustifiée. Passagère et justifiée, elle n’aurait plus d’ennemis. Or remarquons que si, dans d’autres domaines, de pareilles conditions sont presque impossibles à réaliser, elles s’imposent d’elles-mêmes dans la république sportive.

Qu’est-ce qu’un résultat sportif ? C’est un chiffre ou un fait. Il existe pour vous un maximum de hauteur au delà duquel votre saut ne s’élevera pas, un minimum de durée en deçà duquel votre course de cent mètres ne s’abaissera pas. Le poids que vous soulevez, la corde à laquelle vous grimpez expriment de même en kilos ou en mètres la valeur de votre effort. Alpiniste, vous êtes capable de gravir telle montagne et point telle autre : cavalier, de maîtriser tel cheval et point tel autre. Partout vous rencontrez des sanctions d’une rigueur plus ou moins mathématique. Ces sanctions, pourtant, vous ne sauriez les apercevoir dès l’abord. Personne ne peut d’avance préciser sa limite. Un seul chemin y conduit : l’entraînement, le travail obstiné. Et quand on est parvenu au but poursuivi, quand on a établi son propre record, c’est-à-dire le meilleur résultat auquel on puisse atteindre, il faut encore peiner pour s’y maintenir. Nulle sécurité ne vous garantit la possession durable de ce record. Seul le travail persistant vous l’assurera. Voilà d’ailleurs, si vous me permettez d’ouvrir cette parenthèse, tout le secret de la péda-