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avait hésité devant l’ampleur des armements adverses ; plus d’une cité inclinait à subir l’ultimatum. Athènes se dressa. La victoire lui donna raison. Or si bien des siècles plus tard — car l’histoire a d’éloquents retours et parfois se répète étrangement — un général anglais a pu dire que le succès britannique à Waterloo s’était préparé sur les champs de cricket du Collège d’Eton, combien n’est-il pas plus exact encore de proclamer que la gloire de Marathon et de Salamine s’était forgée dans les enceintes du gymnase grec.

Le gymnase grec ! De toutes les institutions de l’antiquité la moins connue, la moins étudiée et peut-être la plus féconde, celle qui explique le mieux la grandeur des temps anciens car elle servit de base à une civilisation supérieure. Lorsque Antiochus le Grand voulut helléniser Jérusalem, son premier soin fut d’y ouvrir un gymnase. Il savait que tout le reste découlerait de là.

Le gymnase grec — vers lequel nous retournerons tout à l’heure pour y chercher de nouvelles indications conformes aux besoins présents — parsema la terre grecque, les îles, les rives de la Méditerranée. L’Hellade le légua à Rome qui le laissa dépérir. Cela se fit très lentement bien entendu. D’Alexandrie d’Égypte à Sybaris les traditions résistèrent, ne s’effritant que peu à peu sous l’action des influences romaines qui conduisirent le peuple aux Jeux du Cirque et les raffinés à la volupté des Thermes. Tel passage de Sénèque nous permet de saisir sur le vif cette décadence de l’athlétisme auquel le christianisme va donner le coup de grâce. Car il est remarquable d’observer combien l’Église, relativement indulgente (et nous lui en devons savoir gré) aux