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à travers l’histoire sud-américaine

régions est révélée aux Européens ; or des dix capitales d’États sud-américains dont nos enfants apprennent aujourd’hui les noms, il en existe déjà neuf : et non point toutes posées facilement au bord de la mer sur des ports naturels, mais à mille kilomètres dans l’intérieur comme Assomption ou bien à quatre mille mètres d’altitude comme La Paz. Des monts, des fleuves, des forêts de dimensions terrifiantes ont commencé de livrer leurs secrets, des espaces dans lesquels s’enfermeraient deux Europes ont été traversés. Et comment ne pas évoquer, sans que cet hommage rendu aux explorateurs d’antan diminue le mérite des explorateurs modernes, ce sergent Lahaye qui parti de la Guyane explora le Haut Yari et découvrit cent cinquante ans avant Crevaux la chute à laquelle celui-ci devait parvenir après tant d’efforts et qu’il nomma : chute du désespoir.


iii


Dès 1550 s’installait à Lima le premier vice-roi espagnol. Le pouvoir qui s’inaugurait ainsi allait durer plus de deux siècles, mais sa juridiction devait plus tard se restreindre. À partir de 1718, il y aurait une vice-royauté distincte pour la Nouvelle-Grenade et une troisième en 1776, pour les territoires de la Plata. La vice-royauté se divisait en quelques « capitaineries générales », c’est-à-dire en régions immenses administrées et commandées par des « capitaines généraux » qui cumulaient entre leurs mains des pouvoirs multiples et despotiques. Enfin dans chaque district résidait un fonctionnaire royal qui portait le titre de « protecteur des Indiens » et surveillait les groupements formés par ceux-ci et à la tête desquels étaient restés des caciques le plus souvent héréditaires. Ce titre de protecteur des Indiens n’était point une ironie. Il répondait aux intentions persistantes de la métropole.