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l’apparition des jeunes gens bras et jambes nus ou la formation d’une mêlée de rugby. La mine était amusante surtout de certains fonctionnaires gourmés venus parce que ces concours étaient bien vus en haut lieu mais en blâmant in petto la vulgarité et condamnant notre manie d’« exercices acrobatiques. » M. Duval, professeur au lycée de Bourges, ne s’émouvait pas de ces critiques ; il allait droit son chemin, inspirant à ses élèves le bon esprit sportif. On ne peut oublier de citer ici les noms de M. G. Sévrette, le si distingué professeur du lycée de Chartres et de son frère qui suivait ses traces à Charleville. Le sport avait en eux les meilleurs protagonistes. Ont droit de n’être pas oubliés non plus dans cette nomenclature, MM. Dussouchet, professeur au lycée Henri iv et Sinoir, professeur au lycée de Laval. Que d’autres encore dont je voudrais rappeler les noms. Ils ne formaient pourtant qu’une pléiade au milieu de beaucoup d’indifférents ou d’hostiles mais une pléiade généreuse et ardente.

Le lendit de Caen, œuvre d’une Ligue normande de l’Éducation Physique qui ne fit que passer ne répondait guère, pas plus que la fête d’Amiens, à nos idées et à nos vœux. Cette idée de Lendit trouvait de nombreux détracteurs dont les critiques étaient absolument justifiées d’ailleurs ; elle avait aussi des partisans enthousiastes parmi lesquels M. Sinoir avec qui je discutai la question en une interminable correspondance qui ne le convainquit pas. Mais nous savions très bien à l’Union que cette formule se suiciderait d’elle-même et que, peu à peu, notre façon de concevoir les sports scolaires prévaudrait. Ce n’était pas une raison pour refuser notre concours là où on nous le demandait. MM. Marcadet, Heywood m’accompagnèrent à Caen avec une douzaine de stadistes. Nous fûmes rejoints le lendemain par les représentants de l’Association Vélocipédique d’amateurs, MM. Raymond, de Pallisseaux, Desgrange, Comte et Giraud. L’organisateur des concours, l’aimable M. Salles, professeur au lycée aidé par le Sport Athlétique du lycée de Caen, société unioniste, nous fit le plus cordial accueil et nous passâmes là trois jours fort joyeux. À Amiens, les concours tinrent tant bien que mal en une journée. M. Palette, proviseur du lycée, s’était donné beaucoup de mal et la présence du directeur de l’Enseignement secondaire rehaussait l’éclat de la fête. J’exerçais les fonctions de juge-arbitre ; MM. L. P. Reichel et Raymond, celles de directeurs des courses. La réunion du Mans se tint dans les jardins de la préfecture et nous y fîmes une précieuse conquête, celle de M. Lutaud. Le voyant si favorablement