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figé, sauf les joueurs et la musique militaire. M. de Saint-Clair, de passage à Paris, arbitrait le match ; nous étions heureux de le voir associé à cette grande manifestation, issue en partie de ses efforts. La défaite fut complète mais honorable et le soir, au banquet de l’hôtel Terminus, les Anglais se montrèrent très affirmatifs sur l’avenir du football en France ; ils étaient étonnés des « dispositions » qu’y montraient nos équipiers et s’en félicitaient loyalement.

Notre principal effort de 1892 porta sur la province. Tandis que MM. de Pallissaux, Raymond et F. Mercier s’en allaient à Coulommiers et à Chartres, inciter le zèle des scolaires, j’étais, le 28 avril à Troyes, le 28 mai à Bourges, les 5, 6 et 7 juin à Caen, le 16 à Amiens, le 30 au Mans, le 25 octobre enfin, à Bordeaux. La réunion organisée à Troyes par le proviseur, M. Morlet, aujourd’hui M. Duval
m. duval
Alors professeur au lycée de Bourges
proviseur du lycée Michelet, était superbe. M. Morlet, adoré de ses élèves dont il obtenait merveille à tous points de vue, était tout dévoué à notre œuvre. « J’ai travaillé activement pendant ce mois au recrutement de l’Union, m’écrivait-il, cette même année ; j’espère bien que l’Association sportive du lycée de Chaumont et la Société Athlétique du lycée de Sens vont demander leur adhésion. Mon excellent collègue de Chaumont parait bien décidé. » À Bourges, sur le champ de foire, il y eut des courses à pied, un match de football et beaucoup de spectateurs. Paris qui se blase vite ne prêtait déjà plus d’attention à la nouveauté du spectacle mais, en province, tout cela était inédit et rien n’égale l’étrangeté des propos que suscitaient