Page:Coubertin - Une campagne de vingt-et-un ans, 1909.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 50 —

À ce moment (juin 1890) la faillite de la Ligue se dessinait déjà. Dieu sait tout ce qu’elle avait promis à ses débuts. Elle s’était fait attribuer, au grand émoi de nos jeunes gens qui s’en trouvaient chassés, la pelouse de Madrid (la meilleure du Bois) avec droit de l’enclore. Elle avait fondé une « École normale » des jeux scolaires destinée à former des moniteurs ; elle avait fait dessiner par M. Charles Garnier, pour les quatre hectares que laissait libres la disparition des ruines du palais des Tuileries (brûlé précisément par la Commune chère à M. Grousset), « le plan d’un admirable jardin de jeux, comprenant des pelouses, des palestres, des pistes… » Elle avait saisi le ministre de l’Instruction publique d’un projet d’aménagement du jardin réservé de Saint-Cloud pour les élèves des écoles primaires qu’elle se chargeait « d’y amener en excursions par fournées successives à ses frais. » Elle avait annoncé qu’une partie du parc de Meudon serait mise à la disposition des internes des lycées et fait entendre que « la première mesure à prendre serait la suppression du congé du jeudi et son remplacement par deux demi-congés les mercredis et vendredis ». Tout cela c’était le programme de notre Comité qui, le premier, avait préconisé l’établissement des parcs scolaires et la modification des congés hebdomadaires. Il ne valait pas la peine de chercher à nous prendre violemment des mains la cause de l’éducation physique en se livrant, disait M. Charles Maurras, à « une demi-voie de fait » pour laisser s’échouer si vite tous ces beaux projets.

Le Lendit de 1890 ne fut pas des plus réussis, si je m’en rapporte aux comptes rendus publiés dans les Sports Athlétiques, d’où M. Paul Champ et M. Frantz Reichel, à tour de rôle, l’accablèrent de leurs sarcasmes. J’avais demandé à M. de Saint-Clair d’en faire un résumé pour la Revue Athlétique. Le manuscrit me parvint trop tard pour être inséré ; je le possède encore. C’est une critique sévère mais juste de ces fêtes déplorables qui, en accumulant sur un bref espace de temps, aux approches des examens, des concours multiples risquaient à la fois de jeter le désarroi dans les études et d’inaugurer un véritable surmenage physique sans parler de l’inconvénient que présentaient au point de vue pédagogique un retentissement exagéré et une publicité outrancière.

Cela nous eût confirmé, s’il en avait été besoin, dans notre conception si différente de l’athlétisme scolaire. Dans mon rapport présenté à l’Assemblée générale de l’U. S. F. S. A. le 6 juillet, j’avais inséré ces lignes que M. Jules Simon voulut bien reproduire dans un article du Temps en leur donnant sa pleine approbation :