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tion qui serait annexé désormais au concours hippique de Paris ; ainsi fut fait. Restaient les régates scolaires. La commission d’organisation, placée sous la présidence d’honneur de M. Gréard, comprenait deux délégués de chacune des principales sociétés nautiques : Marne, Encouragement, Basse-Seine, Cercle de l’Aviron et Cercle Nautique. Je demandai trois prix, au ministre de l’Instruction publique, à la Société de l’Île Puteaux et au Président de la République. Ce dernier prix ne fut pas un vase de Sèvres !!! L’exemple est unique, je crois. Ce fut le Mercure de Jean de Bologne de belle taille et que M. Carnot paya trois cents francs si j’ai bonne mémoire.

Nos régates furent courues à Joinville-le-Pont, le 5 juin, en yoles franches à quatre de pointe, sous la présidence du ministre de la Marine. Janson et l’École Centrale se partagèrent les trois challenges. Ce fut très brillant. La Ligue qui avait eu aussi ses régates organisées par le Cercle nautique de France et son président, M. Fleuret, sur le lac du bois de Boulogne, nous reprocha avec véhémence ces « quatre de pointe ». Dans le Temps du 5 juin, je retrouve un article de M. Hugues Le Roux disant : « M. de Coubertin lutte pour acclimater chez nous le système anglais de l’entraînement en équipe et du tirage en pointe » et il m’oppose la Ligue et le Cercle nautique qui, eux, pratiquent « le respect si français de l’individu », en donnant à chaque rameur son bateau et sa paire d’avirons. Notez que je n’y étais pour rien, ayant du reste toujours préconisé les exercices symétriques de préférence aux autres. C’étaient les sept sociétés nautiques parisiennes organisatrices de nos régates qui avaient imposé ce système et l’avaient fait dans la conviction profonde où elles se trouvaient que, pour devenir un bon rameur, il faut avoir débuté en équipe et en pointe. Naturellement cette décision avait donné aux entraîneurs un gros surcroît de souci et de travail ; ce n’était point par caprice qu’ils s’y étaient arrêtés. En tout cas, l’Angleterre n’avait rien à voir là dedans. L’amusant est qu’un an plus tôt à peu près, M. Philippe Daryl, encore dans tout le feu de sa création, s’était indigné en voyant l’école Monge ramer en quatre de couple sur le lac. Il s’exclamait dans ce même Temps, à la pensée que des Anglais de passage pussent voir « ces canots d’un modèle inconnu manœuvrés par des équipes de quatre rameurs tenant chacun deux avirons » et il se demandait naïvement « quel pouvait être l’auguste inventeur d’un mode de progression encore inédit dans les fastes nautiques ».