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véritable amitié était née entre nous. Je lui confiais mes projets comme il me confiait les siens, presque sûrs de les trouver en harmonie. Ce fut en roulant ensemble en voiture, une après-midi d’hiver, vers les bois de Meudon ou de Chaville (sans doute le jeudi 13 février où fut couru un cross-country offert par les élèves de Monge à ceux de Janson) que nous discutâmes à fond cette question des Associations scolaires. Je lui dis qu’à mon avis, la faiblesse financière et morale de l’Union rendait bien téméraire de lier à son sort celui des Associations scolaires ; de son côté, il insistait sur l’avantage que celles-ci trouveraient au voisinage de clubs d’adultes susceptibles de les guider et de les appuyer. Il me demanda si j’entrevoyais la possibilité d’affilier les associations au Comité pour la propagation des exercices physiques. Mais je l’assurai que j’étais loin d’y songer, le Comité n’étant nullement propre à cette fonction ; ce qui était dans ma pensée, c’était la formation d’une Union scolaire dont un conseil compétent assurerait le fonctionnement sous le haut patronage de l’Université. Nous causâmes encore les jours suivants ; deux choses me décidèrent : le plaisir de collaborer plus étroitement avec Saint-Clair qui me comprenait si bien et l’avantage de pouvoir donner des réunions sur le terrain du Racing-Club. Si j’avais pu deviner que cette collaboration n’allait durer que quelques mois au bout desquels Saint-Clair se retirerait, si je m’étais rendu compte d’autre part sur quelles bases ultra-précaires reposait alors la concession du Racing, je m’en fus sans doute tenu à mon projet d’Union scolaire et cela eût mieux valu, certes, non pas pour l’U. S. F. S. A., mais pour la cause de l’éducation physique.

Le principe étant acquis, nous décidâmes de faire à l’Union une façade monumentale et d’inaugurer cette façade le 8 mai par des Championnats interscolaires. Le 5 avril parut le premier numéro des Sports Athlétiques, petite feuille hebdomadaire, lancée avec un courage magnifique par Adolphe de Pallissaux et Paul Champ. J’écrivis pour ce numéro l’article de tête. En effet, bien loin qu’il y eût rivalité entre la Revue Athlétique et le nouveau venu, c’était notre presse qui se complétait. Un premier cross-country interscolaire fut couru à Chaville le 27 mars et déjà les grands journaux chez qui le vent commençait à tourner, annoncèrent des évanouissements et des crises de nerfs dus à la fatigue. Pas un mot d’exact mais cela va devenir maintenant monnaie courante ; le sport aura bon dos ; on le taxera carrément d’homicide à tous propos. Ces braves journalistes, d’ailleurs, témoignent d’une