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convives s’attablèrent et des speeches éclatèrent avec le champagne. Quelques jours plus tard, démarche d’un autre caractère, les représentants du Comité (MM. Jules Simon, le Dr  Rochard, le Dr  Brouardel, M. Godart et moi) furent reçus par le président de la République. L’audience fut longue. M. Carnot se fit faire un exposé détaillé de notre organisation et de nos projets. Il s’intéressa particulièrement aux parcs scolaires et déclara qu’il s’inscrirait sur nos listes dès que serait ouverte la souscription publique que nous projetions.

Le 4 juillet eut lieu un rallye dans les bois de Ville-d’Avray auquel le Comité avait convié les élèves des écoles Monge, Alsacienne et Sainte-Barbe et aussi — s’ils le voulaient ou plutôt si leurs proviseurs le permettaient — ceux des lycées. Des membres du Racing-Club et du Stade français avaient prêté leur concours pour établir la piste et guider les novices[1]. Le succès fut complet. Un mongien gagna la première médaille et un alsacien la seconde. Le 8 juillet fut livrée l’une des yoles à quatre commandées par l’école Monge ; elle fut baptisée en grande pompe dans le parloir de l’école avant d’être mise à l’eau. Son équipe l’assistait. Dans les centres nautiques l’événement fit sensation. J’ai sous les yeux l’amusant menu d’un banquet donné vers cette époque dans le garage même de la Société d’encouragement, à l’île des Loups : Régates à la fourchette avec virage ; faux départ : potage aux herbes de Marne ; départ : saumon sans barreur ; 1re  bouée : filet de construction libre ; 2e  bouée ; asperges de couple et de pointe ; 3e bouée : ponton de galantine ; bombe d’arrivée, cafouillage de dessert et… fruits d’un long entraînement. On s’amusa ferme ce soir là et l’on toasta à l’ère nouvelle. Je retrouve également le texte de la lettre circulaire envoyée à toutes les Sociétés d’aviron de France : « Il importe, y était-il dit, que le sport de l’aviron si populaire dans les collèges et les universités d’Angleterre devienne aussi le sport favori de nos écoliers… Désirant voir se développer rapidement parmi eux le goût de cet exercice salutaire, nous faisons appel à vous, persuadés que la société que vous présidez ne négligera aucun moyen d’attirer à elle les élèves des lycées et collèges situés dans son rayon d’action, soit en leur faisant des conditions spéciales d’admission, soit en organisant pour eux des concours, des promenades et des excursions nautiques. » Ainsi le

  1. L’Association athlétique École Monge était alors en formation. Devançant sa grande sœur, l’École Alsacienne venait de créer l’Association Athlétique Alsacienne, A. A. A. qui se trouva être de la sorte la première en date et le fut souvent en renommée.