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nommé Arthur Roy que secondait entr’autres son fidèle ami Georges Haviland. Roy n’était pas seulement admirablement doué pour tous les exercices physiques ; c’était un garçon d’une extrême droiture et d’une parfaite noblesse de caractère. Son autorité s’établit tout de suite d’elle-même sans qu’il eût fait le moindre effort pour l’imposer ; il était du reste très modeste et toujours à sa place. Son influence fut énorme pour le succès de cette première et audacieuse tentative de liberté sportive. Il avait été, bien entendu, avec une quinzaine de ses camarades, du voyage en Angleterre. Je leur avais préparé à Eton où j’avais de nombreux amis sans parler du Headmaster lui-même, l’aimable Dr  Warre, une réception qui data dans leurs souvenirs. Guidés par Lord Ampthill alors « captain of the boats », aujourd’hui l’un des personnages Georges Morel
le général thomassin
Vice-président du Comité pour la propagation des exercices physiques
de la pairie politique, les jeunes mongiens avaient pu en deux jours saisir une vue d’ensemble très juste de la pédagogie britannique ; ils s’en revinrent étonnés et pensifs. M. Godart, lui, était enthousiasmé ; sa haute intelligence et sa juvénile ardeur conspiraient à lui faire concevoir ce qui serait à présent — si on l’eût laissé faire — le collège français modèle.

Le 8 juin, il pria notre comité de venir constater de visu le bon fonctionnement des sports scolaires naissants. Les cavaliers de l’école escortèrent depuis la Porte Maillot le landau de M. Jules Simon au grand ébahissement des passants. On se rendit à la pelouse de Madrid pour voir les jeux des grands ; au bord du lac où s’exerçaient les futurs rameurs ; au Pré-Catelan, enfin, où jouaient les petits et où, sous un vaste kiosque aujourd’hui disparu, un plantureux goûter se trouvait servi ; une trentaine de