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de feuillage se prêteraient aux arrangements les plus pittoresques. Les palmes de grandes dimensions que la rapidité des transports permet de se procurer aujourd’hui à bon marché et sans qu’elles aient perdu leur fraîcheur composent également, avec des banderoles et des écharpes, de gracieux motifs. Les fleurs enfin ne sont pas suffisamment utilisées. Elles constituent pour les exercices en plein air un accompagnement naturel. Autrefois il advenait qu’on les jetait aux triomphateurs et rien ne valait probablement à leurs yeux ce poétique hommage. Les sociétés florales, sollicitées de prêter leur concours aux grandes solennités sportives, s’ingénieraient certainement à en rehausser l’éclat par des décorations inédites et harmonieuses.

Restent les fêtes de nuit auxquelles la pyrotechnie moderne a ouvert des perspectives inattendues. Les sports aux flambeaux constituent un spectacle nouveau très attirant et d’une ordonnance toujours assez aisée. En effet, les jeux de lumière coupés d’ombre dissimulent les imperfections de détail, les spectateurs sont plus faciles à satisfaire, les acteurs plus isolés d’eux et moins préoccupés d’être vus. Ainsi tout concorde à pousser les sociétés de sport dans cette voie, très propre à leur attirer des adhérents et à leur faire des amis.

Si le sport peut fournir des matériaux à l’auteur dramatique, à combien plus forte raison en peut-il fournir à l’homme de lettres. L’émotion sportive relève de la psychologie non moins que de la physiologie. Mais, pour bien l’interpréter, il faut l’avoir ressentie soi-même. Rares sont encore les écrivains qui s’adonnent aux sports et il ne faut pas chercher ailleurs la cause de leur hésitation à traiter des sujets dont ils n’ont pas réalisé la richesse. Ceci est également vrai des poètes qui trouveront dans le poème athlétique l’occasion d’un renouveau salutaire — mais le jour seulement où ils connaîtront par eux-mêmes les sensations puissantes qu’ils tenteront d’exalter dans leurs vers.

À l’inverse des Lettres, la Musique est susceptible de prêter aux sports un appui immédiat. La conférence prit sur ce point d’importantes résolutions. Considérant que la base de cette féconde collaboration est le chant choral de plein air, elle a prié le Comité International Olympique de transmettre à toutes les sociétés sportives, même aux sociétés équestres (dans certains régiments russes les soldats chantent à cheval) une invitation à former des sections chorales. On a fait justement ressortir à cet égard la valeur du chant au point de vue du perfectionnement res-