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s’en ressentent, sans qu’il éprouve autre chose que de la saine fatigue ». L’homme doit ainsi éprouver « que l’irruption éventuelle du travail musculaire dans son existence quotidienne n’est pas anormale mais conforme à l’équilibre fondamental de sa nature ».

Ces quelques citations suffisent, je crois, à faire comprendre les idées générales dont je m’inspirai. Des propositions novatrices en découlèrent naturellement. La plus importante des conséquences qu’aura la gymnastique utilitaire sera, dans un avenir plus ou moins prochain, le rétablissement du gymnase antique. On a abusé de ce mot ; il évoque la figure de Socrate parlant sous des portiques de marbre. Mais laissons de côté les colonnades et la philosophie. Il reste que le gymnase antique était un lieu où toutes les formes L. Liard
m. l. liard
Vice-recteur de l’Académie de Paris
Membre de l’Institut
Président d’honneur de la Société des Sports populaires
d’exercice (la plupart au moins) se trouvaient réunies. Aujourd’hui, le gymnase proprement dit, la salle d’armes, la piscine, le manège, le stand de tir sont éparpillés ; autant d’établissements différents. Or, d’une part la gymnastique utilitaire est essentiellement individualiste et, de l’autre, sa pratique ne doit pas être dispendieuse. Force sera donc de revenir à la conception ancienne d’un établissement unique. J’ajoute qu’il existe un troisième motif encore plus puissant d’y revenir. Les adeptes d’un même sport sont aujourd’hui groupés en petits cénacles exclusifs ; un jeune homme n’aime guère à étaler sa médiocrité de jouteur occasionnel parmi les habitués d’un sport cherchant à y exceller. Mais cette médiocrité cesse de l’intimider s’il peut la manifester dans une série d’exercices différents.

Les méthodes se trouvèrent quelque peu bouleversées. Le lancer fut avec la course, le saut et l’escalade une des branches essentiel-