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accusait la politique et le souci des élections municipales récentes. M. Cagli me donnait à entendre, le 25 novembre, qu’on s’était adressé au gouvernement pour lui demander des subventions, moyen infaillible d’amener un échec car en pareille circonstance n’est-ce pas le devoir de tout gouvernement de répondre : aide-toi d’abord, je t’aiderai ensuite ? En janvier 1906 enfin, à l’heure où le prince Colonna abandonnait de son côté la partie, la commission municipale, toujours sans nous donner signe de vie et comme en catimini, se démettait de son mandat. En même temps, le professeur Mosso, dans un article retentissant, partait en guerre, un peu tardivement, contre l’idée d’une olympiade romaine. La base de son raisonnement était un fait inexact, à savoir que Rome avait été choisie pour 1908, sur le refus de Berlin d’organiser les Jeux. C’était tout le contraire mais M. Mosso n’est pas toujours très bien documenté et ne paraît guère s’en embarrasser. Il y eut des protestations et l’on nous pressa de venir à Rome, le comte Brunetta et moi, pour y provoquer la réunion du grand Comité qui remettrait l’affaire en train. Chose curieuse, une communication du nouveau syndic (qui n’était point le comte de San Martino !) en date du 10 mars 1906, marquait une crainte réelle de nous voir y renoncer définitivement. Le syndic m’écrivait que la municipalité était toute prête à maintenir son patronage moral et il faisait en son nom des vœux pour qu’une combinaison nouvelle fut trouvée assurant la célébration des Jeux.

Le Comité International qui s’assembla le mois suivant à Athènes, sous la présidence du comte Brunetta d’Usseaux, ne crut pas devoir s’aventurer dans un nouveau dédale et, annulant le vote de 1904, il transféra à Londres le siège de la quatrième Olympiade.

Pendant mon séjour à Rome, j’avais eu l’honneur de m’entretenir avec S. E. le cardinal Merry del Val, Secrétaire d’État et avec le Saint Père. Ce n’est un secret pour personne que les groupements catholiques ont été, de tous, les moins empressés à accueillir les sports et à en encourager la pratique. L’anathème lancé naguère aux olympiades antiques par l’Église ne visait-il que l’ornementation païenne dont elles persistaient à se parer ? Il est permis d’en douter quand on se rappelle les âpres doctrines des ascètes pour qui le rôle prépondérant de l’âme consiste à barrer la route à toute manifestation des sens autre que la souffrance. Il y a d’ailleurs une parole de l’Écriture qui a pu être interprétée comme la condamnation