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autrement que la première. Il fallait de toute nécessité, éparpiller les concours, les éparpiller quant aux lieux et quant aux dates. Inutile de faire un effort pour grouper sports et fêtes en une « quinzaine olympique » dont l’éclat serait toujours terni par le voisinage de l’Exposition. De loin, nous n’avions pas réfléchi à ce que cette date de 1900 présentait de fâcheux à un tel point de vue précisément. La chose avait du moins un bon côté ; l’éparpillement rendait l’organisation beaucoup moins coûteuse et plus facile. Le yachting aurait lieu au Havre et à Meulan par le soin de l’Union des Yachts français et du Cercle de la Voile de Paris ; sur la Seine également, l’aviron ; le Vélo s’occupait de la natation ; l’île de Puteaux avait droit au lawn tennis ; le golf et le tir à l’arc iraient à Compiègne ; la longue paume au Luxembourg, le Polo à Bagatelle. On confierait à la Société d’Encouragement de l’escrime les championnats d’épée, de sabre et de fleurets ; pour la vélocipédie, le vélodrome du Parc des Princes conviendrait très bien, sans parler de celui de Buffalo qui s’offrait également. Plusieurs de nos collègues, appréciant la proposition d’Henri Desgrange, songeaient à concentrer sur son terrain d’autres concours, les sports athlétiques et le football par exemple. Je m’y opposai parce que, dans une pensée de reconnaissance dont je devais être singulièrement récompensé, j’avais réservé les premiers au Racing-Club, le second au Stade Français, clubs fondateurs de l’Union des Sports athlétiques, clubs doyens comme on les appelait. Ayant été à la peine, il me semblait juste qu’ils fussent à l’honneur.

Quel était le plan financier ?… très simple aussi. Je prenais à ma charge, comme j’avais eu coutume de le faire jusqu’alors, toute la publicité, envois de programmes, correspondance, etc… Nous adressant ensuite à chacune des sociétés dont nous sollicitions le concours, nous lui tenions ce langage : « Vous organisez chaque année une grande réunion sportive. En 1900, veuillez simplement donner un caractère international à cette réunion et plus de solennité que d’habitude. Par contre, nous vous exonérons des prix à décerner. D’où sensible économie pour vous ». La question des prix était à son tour solutionnée de la façon suivante : et le concours gracieux de trois artistes français, choisis parmi les plus illustres, avait été sollicité et obtenu. L’un nous ciselait une statuette, le second une médaille ; le troisième dessinait un diplôme. Moules et planches devaient être brisés sitôt le nombre nécessaire d’exemplaires obtenus. Grâce à cet ensemble de combinaisons, un total de quelques milliers de francs suffisait à couvrir les dépenses