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LE CONGRÈS DU HAVRE



L’idée d’organiser un congrès était la seule qui pût me venir. Aucun autre moyen efficace et pratique ne se présentait de rendre au Comité International le sentiment de sa propre existence et de lui donner en même temps occasion de manifester son activité au dehors. Quatre années allaient s’écouler avant que les Jeux Olympiques pussent être célébrés de nouveau ; attendre les approches de cette solennité eût été fort imprudent. Aussi bien rentrait-il dans les attributions du Comité d’après son règlement même « de provoquer ou d’organiser toutes les manifestations et, en général, de prendre toutes les mesures propres à orienter l’athlétisme moderne dans les voies désirables ». Le Comité restait donc pleinement fidèle à sa mission en convoquant un congrès.

Mais ce Congrès, que serait-il ?… Peu après mon départ d’Athènes, un projet de loi avait été déposé par le premier ministre, M. Delyanni, dans le but d’assurer le développement de l’athlétisme en Grèce et de régler la célébration des Jeux Olympiques dans le stade athénien. Ce projet de loi ne tenait aucun compte de l’origine du rétablissement des Jeux et des conditions dans lesquelles ce rétablissement s’était opéré. Dans le toast dont il est question ci-dessus, le roi Georges s’était adressé aux athlètes de tous les pays assemblés autour de lui, leur suggérant la possibilité d’« indiquer » Athènes comme le lieu approprié pour y tenir les Olympiades ultérieures. C’était une nuance pleine de tact. D’autre part, le prince royal, en qualité de président du Comité Hellène, s’était arrêté, dans l’entretien décisif que j’avais eu l’honneur d’avoir avec lui avant mon départ, à l’idée d’olympiades panhelléniques beaucoup plus avantageuses pour la Grèce parce que moins coûteuses à mettre sur pied et plus propres à hâter les progrès de la culture physique parmi ses fils. Mais le gouvernement hellène est fortement constitutionnel et M. Delyanni n’avait pas cru devoir s’embarrasser de tout cela. Sans même consulter le