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ganisation la personnalité du comte Czaky et rendant compte de l’accueil favorable qu’avait reçu la discrète ouverture faite par lui sur ma demande au ministère de l’Instruction publique. Mais ce ne serait là qu’un pis-aller. Avant cela, il fallait tout tenter pour faire céder le gouvernement grec. Je répondis à la lettre de M. Dragoumis dont une copie me fut remise le jour même de mon arrivée que je me permettais « de douter que l’opinion s’associât à la résolution prise par ses collègues et par lui », que je croyais au Prince royal de Grèce
m. alexandre mercati
Secrétaire du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de 1896
reste « à un simple malentendu provenant d’une interprétation erronée des intentions du Comité International » et que je lui demandais de vouloir bien réunir au plus tôt la Commission du Zappeion pour en délibérer à nouveau. La Commission ne se réunit pas. Ce fut M. Tricoupis lui-même qui entra en scène. J’avais passé la première journée à déposer des cartes. Le matin du second jour, le premier ministre vint me trouver à l’hôtel de la Grande-Bretagne où je recevais en même temps la visite du chargé d’affaires de France, M. Maurouard. Sa bienvenue fut très cordiale, mais il me dit en substance : « Voyez, examinez, étudiez nos ressources à loisirs ; vous vous convaincrez que c’est impossible ! »

Or j’arrivai en peu de jours à une conviction exactement contraire. Dès le premier contact avec l’Hellade, un double étonnement m’était venu de la trouver d’abord si vivante et ensuite si traditionnelle. D’instinct, j’avais toujours réprouvé les moqueuses critiques d’About et de son école. La résurrection grecque me semblait un assez grand miracle du patriotisme pour imposer le respect. Mais je m’attendais, je dois l’avouer, à trouver des Grecs « albanisés », orientalisés, ayant recouvré le droit de vivre libres,