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notre peuple en considération de son illustre passé constitue, pour les descendants des anciens instaurateurs des Jeux, une lourde charge dont je doute qu’ils puissent s’acquitter avec profit pour l’œuvre civilisatrice votée par le Congrès athlétique de Paris. M. Bikelas a pu se rendre compte, lors de son dernier séjour à Athènes, de l’hésitation qui s’est déclarée parmi nous dès que l’idée de la présidence du premier concours a été nettement formulée et pour ainsi dire officiellement notifiée.

Je ne veux pas insister sur un point qui doit particulièrement préoccuper notre gouvernement. Comment pourrait-il songer à se mettre à la tête du mouvement, à lancer des invitations, à prendre n’importe quelle initiative dictée par l’intérêt du succès d’une grande fête internationale au moment où, se trouvant aux prises Prince royal de Grèce
m. d. bikelas
Membre du Comité International Olympique pour la Grèce
avec une forte crise économique, il se voit obligé de faire face à des complications extérieures de la plus haute gravité. Le devoir qui lui incombe de veiller à la dignité du pays, la sollicitude dont il se sent animé en faveur de la noble entreprise dont nous désirons tous la réussite lui commanderont très probablement une extrême réserve.

Il y aurait fausse honte à ne pas vouloir avouer que dans un nouveau pays où il reste encore beaucoup à faire avant d’atteindre la plénitude des conditions essentielles à l’existence d’un peuple civilisé, la notion exacte de ce que vous appelez les « Sports athlétiques » n’existe pas[1]. Et c’est précisément à un pareil pays que, par déférence pour son passé, on veut confier le mandat de

  1. Il existait pourtant à Athènes deux sociétés gymnastiques et athlétiques, un cercle d’escrime, une société d’aviron et plusieurs sociétés vélocipédiques.