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aux manifestations athlétiques, se borna à un accusé de réception aussi banal que possible. C’était le moment pourtant où certains clubs d’outre-Rhin marquaient un désir de se rencontrer avec les clubs français. Le Strassburger football Club (allemand, non alsacien) avait, le 25 janvier 1894, proposé à G. Raymond un match avec le Racing Club et deux jours plus tôt le baron von Reiffenstein m’avait écrit de Londres dans le même sens au nom d’athlètes berlinois. M. de Reiffenstein participa au Congrès ; il représenta l’Allemagne à lui seul et, n’étant point délégué officiel, M. Sansbœuf n’en prit point ombrage.

Par contre M. Cuperus avec qui nous avons depuis fait la paix, s’offusqua de l’invitation adressée en sa personne à l’Union des Sociétés belges de Gymnastique. Non content de nous écrire que sa Fédération « a toujours cru et croit encore que la gymnastique et les sports sont deux choses contraires et a toujours combattu ces derniers comme incompatibles avec ses principes », il organisa contre notre entreprise une vigoureuse propagande dans les milieux gymnastiques d’Europe, propagande à laquelle M. Callot, en sa qualité d’ancien président des Sociétés françaises de gymnastique, riposta énergiquement. Cela n’empêcha pas du reste les Fédérations italienne et espagnole non plus que les Sociétés de gymnastique de Saint-Pétersbourg et d’Athènes, de se faire représenter. Quant à la Suède, elle était de tous les pays, y compris la France, celui où sans contredit l’idée olympique trouvait le plus de faveur. À la date du 28 mai, Viktor Balk, m’annonçant l’arrivée des lieutenants Bergh et de Drakenberg, réclamait déjà pour Stockholm l’honneur d’abriter une des futures olympiades. En même temps que des délégations de sociétés, je cherchais des adhésions de membres d’honneur. Je chargeai mon ami Ch. Waldstein qui dirigeait alors les fouilles d’Argos de saisir de la question la famille royale de Grèce et je conserve le petit billet jauni écrit sous sa tente d’archéologue le 15 avril et dans lequel il m’annonce que le roi et les princes viennent de le visiter et qu’il a fait connaître au prince royal mon projet, lui demandant d’être membre d’honneur du congrès. Le duc de Sparte accepta ainsi que le roi des Belges, le prince de Galles, le prince royal de Suède, le duc d’Aumale et nombre d’hommes politiques. « Balfour accepte, m’écrivait mon ami Jusserand le 22 mai. Il exprime quelque scepticisme sur la partie olympique du programme mais, quant au reste, il trouve que c’est fort intéressant. »

Il m’avait paru normal que M. Casimir Périer, alors chef du