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AVANT-PROPOS.


Il y a quelques années s’est assemblé à Mons, sur l’initiative personnelle de S. M. le roi des Belges, un Congrès international d’Expansion économique mondiale. La pédagogie y tenait une place importante. M. le Gouverneur du Hainaut, président du Congrès, m’y ayant convié j’acceptai de dresser les plans d’un collège destiné à former des garçons entreprenants et propres aux carrières lointaines. Le roi Léopold s’intéressait particulièrement à ce projet et j’eus l’honneur de m’en entretenir avec lui. Il envisageait la possibilité de le réaliser pour le plus grand bien de son pays.

C’est intentionnellement que j’ai laissé le temps passer avant de livrer mon travail au public. Je l’ai revu avec attention et n’y ai apporté que d’insignifiantes modifications. Il me paraît répondre absolument aux exigences actuelles. Je sais que tel ne sera pas l’avis de bien des éducateurs mais la discussion est féconde et c’est pourquoi j’appelle la critique, bien loin de la redouter.

On remarquera le nombre relativement restreint des élèves et la règle de n’introduire qu’exceptionnellement des nouveau-venus pendant la durée du cycle scolaire qui est de cinq années.

L’examen d’entrée n’est pas un examen de « connaissances » mais de « facultés » si je puis ainsi dire.

L’architecture de l’établissement est intimement liée avec son régime intérieur. Je me suis toujours préoccupé d’extraire du système anglais les principes par où il excelle en cherchant à les adapter aux mœurs continentales, si différentes des mœurs britanniques. Je crois qu’on fait fausse route en créant des manières de public-schools à l’étranger tandis qu’on n’a jamais cherché sérieusement à utiliser pour l’Europe ce qu’il y a de si admirablement pédagogique dans les institutions scolaires d’Outre-manche. On verra ce que j’ai cru devoir suggérer à cet égard et ce que la maison anglaise est devenue dans mon projet où elle n’a plus qu’une demi-autonomie.