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l’entente cordiale

ciations, sont de bien gros morceaux pour un seul repas, même lorsque les convives en présence peuvent se réclamer d’Henri viii et de Rabelais. La seconde solution, ce serait un beau et bon traité d’arbitrage entre les deux nations : d’honnêtes députés sont en train d’y travailler. Les avantages passeraient sûrement les inconvénients ; encore faut-il se dire que si un problème vital venait à se poser, il n’y a point d’arbitrage qui y résisterait ; mais c’est précisément le caractère des rivalités franco-anglaises d’être partout importantes et nulle part essentielles.

La troisième solution reçut jadis l’adhésion anticipée de Cecil Rhodes. Cet audacieux génie avait entrevu la possibilité pour la France de servir de trait d’union entre l’Angleterre et la Russie ; il pensait avec juste raison que cette Triplice-là dominerait l’univers et ce n’est pas l’entrée de l’Italie dans une pareille combinaison qui l’affaiblirait. Certes l’œuvre serait de magnifique envergure et de réalisation délicate. La République possède un homme capable de l’entreprendre et de la mener à bien ; mais les haines des partis et les hasards ministériels le lui permettront-ils ?…

Après cela, il y aurait encore une quatrième façon de procéder, laquelle consisterait à ne point s’embarrasser de l’avenir et à se vendre les uns aux autres le plus de marchandises possible. C’est le point de vue de la rue de la Paix. Il a sa valeur et peut-être est-ce ainsi que l’entendait, de son côté, ce brave habitant de Regent Street qui avait écrit à sa fenêtre, l’autre jour, en lettres de carton sur de l’andrinople rouge : « Vive l’attente cordiale ! »