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le prochain pontificat


Pour l’Europe tout au moins, la période d’« américanisme » est close. C’est la France qui pouvait le mieux en profiter. Que n’eût-elle obtenu si elle avait su le faire ! si son gouvernement, au lieu de se prétendre menacé par une poignée de moines, avait répondu avec une intelligence prudente et ferme aux avances du Saint-Siège ; si, au lieu de dénoncer elle-même un protectorat dont seuls peuvent méconnaître l’importance les petits Homais que produit notre démocratie, elle avait profité de la bonne volonté pontificale pour étendre et fortifier ce précieux privilège ; si, ayant à son service un Favier, un Lavigerie, un Charmetant, elle les avait revêtus de prestige et largement aidés au lieu de leur distribuer de maussades subventions et des distinctions subalternes !…

Mais voilà ! les petits Homais, toujours ignorants de ce qui se passe au dehors, s’imaginent que la religion est entrée en agonie et que le pape, aux abois, se raccroche aux pans de leurs redingotes ; tout l’énorme mouvement rénovateur qui agite l’univers, la poussée qui s’opère dans les âmes, les signes multiples qui attestent pour demain la grandeur certaine des religions, tout cela leur échappe.

Et quand la France, par leur faute, aura perdu un de ses appuis séculaires les plus efficaces, ils sont, en vérité, si bornés, que peut-être ne comprendront-ils pas encore.